Début de la maladie

« Tout à coup, une personne qui fait partie de notre petit monde quotidien ‘entre en crise’, devient méconnaissable, incompréhensible, étrange, inaccessible… folle!

Notre première réaction est de crier: ‘Non, ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible!’ Et nous nous débattons à la recherche d’explications susceptibles de donner une dimension plus acceptable à ce qui nous arrive: ‘c’est peut-être la drogue’, ‘c’est le médecin qui n’a rien compris’, ‘c’est peut-être lié à l’adolescence, à la fatigue, au stress…’. Ensuite on débouche sur des interrogations douloureuses: ‘est-ce que c’est de ma faute?’ ‘qu’est-ce que j’ai fait de faux?’

Des choses qui allaient de soi ‘avant’ deviennent compliquées et laborieuses, voire impossibles: Par exemple, nous devons apprendre à tenir compte de la vulnérabilité de cette personne, de sa difficulté à gérer sa vie et ses relations avec autrui, de sa plus ou moins grande dépendance sur le plan pratique et émotionnel:

Ce jeune adulte qu’est notre fils ou notre fille ne pourra pas partir de la maison vivre sa vie, et nous voilà coincés dans un rôle de parents, alors que nous envisagions déjà la retraite ou nous rêvions d’être grand-parents; ou nous ne pourrons plus compter de la même manière sur cet homme ou cette femme qu’est notre conjoint ou compagne: le stress d’un travail professionnel lui est devenu trop important, ses relations avec autrui trop difficiles, ou cette personne dans la force de l’âge qu’est notre parent, ou notre frère ou sœur, aura besoin d’une curatelle ou d’une tutelle… et tout à coup nous devenons dépositaires d’une responsabilité très lourde à porter.